La vie en tournée
En 1962, les jeunes Scorpions se limitent à donner quelques représentations sommaires dans les salles de classes ou encore les quelques clubs de leur quartier et il est relativement aisé de transporter deux guitares et une basse. Il n'est pas rare de voir les trois adolescents sortir de la demeure des Lancaster affublés de leurs instruments, arpentant les rues pour se rendre vers leur prochain lieu de concert situé, souvent, à proximité. Mais dès qu'une batterie et un clavier viennent enrichir ce piètre matériel, les problèmes de manutention deviennent bien réels. Considéré comme le premier vrai concert officiel, le groupe se produit en octobre, au Samuel Jone's sport club de Dulwich. Déniché par le père d'Alan Lancaster, ce mini concert marque le baptême de la vie scénique d'un groupe qui ne saura jamais s'en détacher. Avec l'apport de Barlow, la zone géographique où le groupe se produit, s'étoffe, se densifie, en un mot s'agrandit. Même si nous sommes encore loin des futures et gigantesques tournées, le convoyage reste un problème, néanmoins vite résolu par le père de Francis Rossi qui met à la disposition de son guitariste de fiston et ses potes, sa camionnette lui servant habituellement pour sa vente de glaces. Il n'est pas rare de voir Coghlan, Lancaster, Rossi, Jaworski et Barlow entassés avec le matériel dans ce providentiel véhicule conduit par Mr Rossi père. Nous sommes à la fin de l'année 1964 et parler de tournées, à cette époque, serait un bien grand mot ! Malgré l'élargissement de leurs frontières, la banlieue sud de Londres reste leur zone d'attache. Il est bien évident que ce sont eux, les novices, qui montent et démontent le matériel qu'ils entreposent dorénavant dans le local de Pat Barlow.
En 1968, le succès de 'Pictures of matchstick men' leur apporte un début de reconnaissance mais Pye, qui finance quelques tournées de manière restreinte, ne voit pas l'intérêt de soulager ses poulains des tâches de montage et de démontage. Qu'importe ! Les cinq amis vivent dans une perpétuelle amitié et le bien-être prend largement le dessus sur la fatigue physique emmagasinée. La première vraie tournée se déroule du 5 avril au 7 mai 1968 où le groupe assure, entre autres, la première partie de Gene Pitney pour vingt-huit dates. Jouer en compagnie d'une telle vedette présente des avantages indéniables. Ils sont véhiculés en bus et ne s'occupent d'aucun soucis matériels, le tout étant géré par l'équipe de Pitney. Il n'y a qu'à se laisser vivre. Dans le même temps, Bunce et Barlow, les managers, recrutent un certain John Fanning, qui, avec l'apport occasionnel d'un roadie, prend en charge, habituellement, les besognes peu passionnantes. Fanning est plus un bureaucrate qu'un homme actif. Néanmoins, avec son apport, les tournées deviennent plus structurées. Mais il se comporte plus comme un père que comme un road manager. Il règle la vie du groupe d'une manière stricte (heure de levée, de couchée etc ...), chose qu'ont beaucoup de mal à accepter les caractères rebelles des cinq musiciens du groupe. Mais lorsqu'ils manifestent leur mécontentement ou opposition, Fanning n'hésite pas à leur infliger des amendes pour insubordination.
Caprices de stars naissantes ? Ainsi, le 24 août 1968, à Weesp, au Pays-Bas, alors que le cachet est de 4.000 florins (une belle somme pour l'époque) pour un show de 45 minutes, le groupe décide d'arrêter au bout de vingt minutes se sentant fatigué. L'émeute fut évité de justesse, l'organisateur du concert sommant Rossi et sa bande de terminer. Ce qu'ils firent ! Peu de temps après, c'est Bob Young qui devient responsable des tournées. A la fin de l'année 1968, c'est Malcolm Kingsnorth qui prend en charge le son du groupe sur scène. Le groupe ne joue que dans de petites salles et le son reste relativement faible. 'Lorsque nous étions dans le circuit des ballrooms, nous faisions nos quarante-cinq minutes et c'était tout. Nous n'étions pas du tout impliqué par ce que nous jouions. Il y avait quelques kids, devant nous, criant et hurlant, ne faisant pas attention à ce que nous interprétions' souligne Rossi. Malheureusement, l'année 1969 apporte son lot de désillusion et jusqu'en 1971, les faibles recettes suffisent à peine à payer Young, Fanning et Kingsnorth. Pas question de s'offrir de la main d'œuvre supplémentaire. Le peu d'argent qu'il reste sert à grignoter. Grignoter est bien le mot car il n'est pas rare de voir Status Quo, après un concert, s'endormir, avec le ventre aussi vide qu'un puits d'eau du Sahël. Il n'est pas question non plus de gaspiller la précieuse monnaie dans des hôtels. Cependant, lorsque cela est possible, le groupe se permet de louer quelques chambres dans des hôtels miteux. Quelquefois, deux ou trois chambres seulement sont réservées pour six ou sept personnes. Il est très fréquent de voir Young et Rossi partager le même espace, 'A des fins économiques d'abord puis par habitude' précise l'ami Bob. Mais, l'amusement est toujours au rendez-vous, les maladresses et les surprises également. Ainsi, en 1969, à Dusseldorf, le groupe, qui ne connaît absolument pas la salle, pénètre du mauvais côté, le public leur tournant le dos ! C'est l'année où le groupe donne ses premières représentations dans ce pays où il y deviendra très populaire.
Le premier promoteur du groupe, en Allemagne (1969-1972) narre cette genèse : 'Au début de l'année 1969, je suis allé voir Status Quo jouer au Greyhound de Croydon. A cette époque, je vivais chez ma mère à Gravesend dans le Kent alors que mon père était basé dans l'armée britannique à Bielefeld, en Allemagne où je suis reparti. J'ai vraiment apprécié le concert et cru dans le potentiel du groupe. J'ai donc voulu les contacter et on m'a donné l'adresse de l'agence Masters Gaff à Londres. En Allemagne, j'étais disc jockey dans la plus grande discothèque de Bielefeld qui pouvait accueillir environ 900 personnes. Des groupes d'Allemagne, des Pays-Bas, d'Angleterre et même des Etats-Unis tels que Free, Steamhammer, Uriah Heep, Love Affair, The Schocking Blue ou encore Golden Earing y ont joué et j'ai décidé d'y faire venir Status Quo (le 12 décembre). Ils ont fait un grand concert et ce fut le début d'une grande amitié. La nuit précédent le concert, je suis allé leur porter de l'argent au Zentral-Hotel de Bielefeld où ils m'attendaient. Ils étaient, littéralement cassés financièrement. Je les ai accompagnés aux deux concerts suivants à Emsdetten et Venlo, aux Pays-Bas. Avant leur retour en Angleterre, nous avons eu une réunion dans un hôtel hollandais où ils m'ont demandé si je voulais travailler plus étroitement avec eux. Ils avaient apprécié ce que j'avais fait et ils voulaient que je travaille avec eux sur l'Angleterre et, éventuellement, tout le continent. Je m'en sentais capable mais je venais de me marier en janvier 1970 et ma femme est tombée enceinte alors je suis resté à Bielfeld. Je leur ai, néanmoins, trouvé beaucoup de concerts en Allemagne mais le pays n'était pas, tout à fait, prêt pour eux. Y promouvoir un groupe rock était plus facile à dire qu'à faire. C'était l'époque du psychédélique et du rock progressif qui a beaucoup snobé des groupes comme Status Quo. Pourtant je croyais en ce groupe et je faisais leur promotion avec un enthousiasme infatigable. Je me souviens comment le groupe était, quelquefois, déçu de l'Angleterre où la rémunération était très faible. Ils appréciaient l'Allemagne car ils y étaient mieux payés et qu'il y avait plus de lieux où ils pouvaient jouer. Je ne leur ai jamais dit comment il était difficile pour moi de promouvoir un groupe de leur style, que c'était un travail difficile. Les appels téléphoniques, la route, tout cela coûtait très cher. Seuls l'enthousiasme et la compréhension de mon épouse m'ont aidé à continuer. Le business était en plein essor et je réservais un grand nombre de concerts, de séances radiophoniques et de dédicaces. Ce qui était souvent extrêmement embarrassant car personne n'y venait. Malheureusement, par la suite je n'ai plus aidé Status Quo car ils ont signé avec Mama concert, l'un des plus gros promoteurs du pays. Status Quo a tenu une large part dans ma vie et ils savent qu'ils ont profité de mon travail. Plus tard, lorsque je fus DJ dans une radio allemande et que je recevais les copies de leurs futures parutions discographiques, j'étais toujours le premier à les diffuser. Je les ai rencontrés, à nouveau, lors de leur 'Don't Stop' tour, à Bilefeld, en 1996. Francis m'a présenté à ses fils Nicolas et Kieran dont le groupe Little Egypt assurait leur première partie. Et bien l'histoire recommençait car j'ai accepté de leur trouver quelques dates en Allemagne et nous avons passé un très bon moment'.
C'est à Dundee, cette même année que le groupe vit, peut-être sa plus terrible expérience lorsqu'une bagarre générale éclate avant que le groupe ne monte sur scène. 'Je n'avais rien vu de tel. 1.500 personnes et tout le monde se battait avec tout le monde, même des hommes avec des femmes. C'était comme dans le Far West. Par chance, quelqu'un est venu nous dire de prendre notre matériel et de partir. Nous sommes revenus plus tard dans la soirée et il y avait encore une vingtaine de femmes, à genoux, pissant le sang, maculant le flambant parquet neuf' se souvient Rossi. Dundee est, décidemment, peu favorable à Status Quo. En effet, le 23 octobre 1970, au JM Ballroom, alors que le groupe assurant la première partie, Fat'r Four effectue sa représentation sur la petite scène de la salle, Rossi, Parfitt, Lancaster et Coghlan envahissent la grande scène pour y faire leur balance, perturbant, du coup, le set de Fat'r'Four. Ces derniers leur demande alors de cesser leurs réglages pendant qu'ils jouent. Devant cette requête, Rick rétorque que c'est Status Quo que la foule est venue voir et non ce petit groupe de première partie. Ce qu'ignorait Parfitt c'est que la salle était remplie de fans de Fat'r'Four !!! Un bon nombre ayant entendu cette réflexion, Status Quo se fit presque hué pendant tout le concert ! Après le départ de John Fanning pour l'Australie, c'est Bob Young qui va prendre intégralement en main les tournées de Status Quo. 'Entre 1970 et 1972, nous n'avons pas arrêté de tourner et les tournées, c'est ce qu'il y a de plus marquant dans la vie d'un groupe. C'est ça qui a permis également de rester ensemble dans des rapports toujours excellents' affirme Rossi au magazine Best, en 1975. A cette époque, le groupe joue partout où il est engagé. Ainsi, pour anecdote, le 19 juin 1970, il se produit, installé sur une remorque de camion laquelle est stationnée dans la grange d'une ferme de Llandrindod Wells. Au niveau des véhicules, les royalties ont néanmoins, permis au groupe d'acquérir un van pour transporter le matériel et une Pontiac pour se véhiculer eux-mêmes. Rossi, Parfitt et Young, intimement liés, voyagent fréquemment dans la camionnette alors que les autres préfèrent la plus luxueuse Pontiac. 'Je me souviens particulièrement d'une nuit, nous roulions entre Newcastle et Sunderland. Nous installions un tabouret entre les deux sièges à l'avant. Nous étions, tous les trois, un peu fait et regardions les étoiles tout en roulant difficilement. Puis la porte qui était du côté de Bob qui conduisait s'est ouverte. Bob est tombé du van. Nous avons eu un fou rire incroyable et passé environ une heure assis sur le bas côté de la route à regarder le ciel. Jusqu'en 1972, c'est de cette manière que le groupe est véhiculé en tournée, chacun conduisant à tour de rôle sur les trajets les plus longs. 'Nous voyagions souvent à bord d'une Bentley S3 rouge et nous conduisions à tour de rôle. Seulement, John (Coghlan) ne voulait jamais conduire préférant être assis à l'arrière tapant continuellement en rythme, avec ses doigts. Il ne s'arrêtait jamais' confie Colin Johnson. Cette même année, le groupe signe avec Vertigo et est dorénavant dirigé par 'Gaff Management'. Terminé l'époque Pye ! Status Quo est maintenant pris au sérieux. Ces nouveaux partenaires sont l'assurance de tournées mieux établies, mieux coordonnées. En 1972, le groupe donne plus de cent concerts à travers l'Angleterre, l'Allemagne étant visitée en janvier, juillet puis novembre. Bob Young se sent alors investit d'une mission plus forte, amener Status Quo parmi les tous meilleurs groupes scéniques du monde. Les succès conjugués de 'Piledriver' et de 'Paper plane' amènent la formation à jouer dans des salles beaucoup plus grandes, imposant à Status Quo, une sono beaucoup plus importante. Cinq roadies sont immédiatement engagés et chaque membre possède, dorénavant, son propre technicien. Heureusement, car le matériel de Status Quo s'est étoffé et deux camions sont maintenant indispensables pour le transporter. En tournée, les journées sont millimétrées : Trajet, repos, répétitions, repos, concert, douche, dîner et couchage. Mais avec la maison de disques qui impose au groupe la sortie d'un album par an, le travail de composition est souvent effectué dans les chambres d'hôtel entre deux concerts.
En 1973, commencent vraiment les grandes tournées de Status Quo, hors territoire britannique. Plus de dix pays étrangers sont visités. Il faut véhiculer groupe et matériel. Souvent le matériel voyage en camion mais lorsque la distance ne le permet pas ou lorsqu'il y a les océans à traverser (Australie, U.S.A), les transports aériens sont utilisés, le tout sous l'œil acéré de Bob Young, véritable métronome qui veille sur tous les points de détails possibles. C'est le véritable coordinateur des tournées. Il doit veiller sur tout. Il fait la liaison entre les promoteurs et le groupe. Il doit être sur que les musiciens prennent le bon avion pour le bon pays pour être le bon soir au bon concert. Et ce n'est pas de tout repos. Malgré tout son sérieux et son implication, tout n'est pas réglé comme du papier à musique. Ainsi, Status Quo, programmé au festival de Bilzen, en Belgique, le 17 août 1973 se voit dans l'obligation de se retirer. Ludo Debruyn, l'un des organisateur du festival nous en livre la cause : 'C'est le premier festival dont je m'occupe. Mais je crois bien que ce sera le dernier. J'ai déjà de quoi écrire un livre sur les ennuis que j'ai eus. Le dernier, c'est avec Status Quo. II y a eu une erreur d'interprétation de la part des roadies. Ce qui fait que le matériel, qui revenait de Suède, est retourné en Angleterre au lieu de venir directement en Belgique. Ils n'ont plus le temps d'attraper le dernier bateau possible. J'ai signé Medecine Head en catastrophe pour les remplacer. Pendant que le groupe est en repos ou en studio, Young et Johnson parcourent les pays prévus pour la future tournée. Ils inspectent salles, hôtels, horaires de train, d'avions ... La vie n'est pas de tout repos pour eux ! Pour en témoigner cette anecdote : Le 2 septembre 1973, Status Quo joue au Hall Festival de Melbourne. Le concert se passe normalement jusqu'à ce que Rossi remarque, dans la salle, la présence d'un videur peu complaisant avec les fans. Francis, sur scène, demande alors à Young d'intervenir auprès de cette brute. 'Mais qui es-tu ?' lui rétorque le membre de la sécurité qui l'empoigne illico presto pour le mettre dehors. Mais, Young devait rentrer coûte que coûte pour jouer de l'harmonica sur 'Roadhouse blues'. La chose sera faite grâce à une fenêtre dérobée et Bob rejoindra ses potes, juste à temps. Quelquefois, le bizarre se produit, comme, lors d'un concert australien, en 1975, lorsqu'un membre de la sécurité avertit Rossi qu'une alerte à la bombe vient d'intervenir. Lucide et calme, Francis se contenta de demander à tous les spectateurs de regarder sous leur siège puis le groupe reprit le concert. Un autre aspect non négligeable de la vie du groupe en tournée, ce sont les conquêtes féminines. Il arrive fréquemment que les quatre potes scrutent les filles au bar, avant les concerts ou encore les repèrent lors de la représentation. Un nombre incalculable de filles finiront, ainsi, dans les loges. Pour anecdote, en 1973, au Playhouse de Glasgow, Lancaster voulut qu'une fille, repérée dans la salle, l'accompagne dans les loges après le concert. Le service d'ordre de la salle refusant, une bagarre entre Alan et les videurs eut lieu !
Dans les années 70, il y eut même de véritables partouzes. Ainsi, alors que le groupe est en tournée en Allemagne, les quatre membres sont dans la même chambre, allongés sur un grand lit, en train d'assister à la projection d'un film pornographique (en super 8, pas de vidéo à l'époque). Le groupe se masturbe, collectivement, et dans la pièce, une groupie est présente, n'hésitant pas à aller de l'un à l'autre afin de proposer ses services. 'Tu vois bien qu'on est occupés' lui rétorque alors les musiciens. 'J'ai toujours aimé un bon lustrage' admet Rossi, vulgairement. 'Elle allait de l'un à l'autre. Personne n'était embarrassé de ça. Il y avait des verges brillantes devant elle. Nos mères nous ont appris que se masturber était mauvais. Connerie ! C'est trop bon !' déclare t-il mettant en avant un épisode peu reluisant. 'Ca faisait partie intégrante de la vie d'un groupe, de notre amitié et je ne crois pas que les groupes actuels fassent ça maintenant !' souligne Rick. Il est vrai, qu'en tournée, la vie du groupe est constituée de groupies et de filles en tout genre. 'C'est vrai qu'il y avait, souvent, des filles dans notre entourage. Je me souviens, une fois, après un concert, en Allemagne, il y avait une dizaine de filles dans la chambre de Francis, alors je me suis dit que cette vie n'était pas si mauvaise que ça' précise Parfitt. 'Dans mon cas, c'était inespéré car, étant gosse, j'étais convaincu que je n'étais pas particulièrement attirant. Je portais des lunettes, j'étais petit et avait, dans la tête l'idée que je ne pourrais jamais être approché par une fille' précise Rossi.
Au mois de juin 1998, Francis et Rick confient au magazine Load, quelques unes de leurs expériences : 'C'est comme cette fameuse nuit où nous avons rencontré ces deux nanas qui avaient, sur elles, un truc incroyable. C'était une espèce de spray que tu te pulvérisais et qui te permettait de rester en forme très longtemps. Alors, je m'en suis mis, c'était vraiment très bon. La fille a du penser que j'étais un cadeau de Dieu. On a commencé vers une heure du matin et à quatre heures 30, j'étais toujours en pleine forme. Soudain, l'autre nana est arrivée pour nous dire que Rick avait un problème. Je suis, alors, sorti de la chambre, toujours raide comme une batte de baseball. Et là, il y avait Rick debout sous la douche, hurlant de douleur !' 'J'étais sous la douche mais rien à faire, ça ne voulait pas déraidir. Plus c'était dur, plus j'avais mal. Ca me piquait au-delà du supportable ! Un fille a alors dit : 'Laisse-moi faire, je suis infirmière. J'ai, alors hurlé : 'Non, ne touches pas à ça ! Fais ce que tu veux mais ne touche pas à ça !'. Dieu seul sait combien de temps je suis resté sous la douche mais c'était le seul soulagement que j'avais réussi à trouver. Sous la douche, j'essayais de penser à tout sauf aux femmes. J'y suis resté, une bonne partie de la nuit attendant que ça se calme'. Mais ce n'est pas tout comme le témoigne cette autre anecdote, vécue pendant la tournée de 1975 et confiée par Rick, toujours au magazine Load : 'J'ai eu, une fois, une étrange expérience avec une fille, aux Etats-Unis. On jouait à Atlanta. J'avais fumé et je me sentais hyper-bien. Après le concert, cette nana est venue dans les loges. Elle aussi, avait du fumer ! Nous étions totalement partis, tous les deux et nous nous marrions bien, ensemble. Soudainement, elle a commencé à me poser des questions étranges sur ma femme et d'autres choses. Puis, elle m'a remis une bague en me disant qu'elle était une sorcière. Elle m'a affirmé que si j'enlevais cette fameuse bague, ma vie deviendrait forcément, problématique. Je l'ai alors virée ! Mais lorsque je suis rentré à l'hôtel, les choses ont commencé à mal tourner. J'ai du me coucher mais dès que je fus allongé, de nombreuses contorsions envahissaient mon corps. A ce moment, j'étais vraiment convaincu qu'elle était une véritable sorcière. J'ai même commencé à croire qu'elle avait fabriqué une petite poupée à mon effigie qu'elle piquait ce qui provoquait ces contorsions. Je me suis dit qu'elle allait, d'une minute à l'autre, la transpercer d'une aiguille à tricoter et que j'allais mourir ainsi. Je suis, quand même, parvenu à survivre mais depuis cette nuit, il y a 25 ans, je n'ai plus fumé un joint. A chaque fois que j'ai failli être tenté, mes pensées me ramenaient à cette soirée et je commençais à penser au diable.
En 1973, Status Quo est en compagnie de Slade et Lindisfarne, pour une tournée australienne. Il arrive fréquemment que les trois groupes soient convoyés en avion. La compagnie aérienne ne voit pas d'un bon œil d'entasser, dans un lieu aussi confiné, trois groupes à la réputation aussi sulfureuse. Aussi se voit-elle amenée à joindre, à chaque vol, quelques gardes au cas où les choses tourneraient mal. Il semblerait que les groupes devenaient ivres aussi vite que possible et que les toilettes devenaient les lieux de l'avion les plus fréquentées subissant les débordements des musiciens. De plus, John Coghlan, lors d'un vol, invite une hôtesse de l'air dans sa chambre d'hôtel et après l'avoir fortement draguée, la belle semble prête à succomber aux avances du fougueux batteur. Ce qu'elle ignore c'est que Rossi, Lancaster et Parfitt sont cachés dans un placard de la chambre. Lorsqu'ils sortirent du dit placard, inutile de préciser que l'hôtesse s'est enfuie en insultant les gars, pris d'un fou rire incontrôlable. Pendant ses moments de relâche, les quatre membres du groupe se laissent aller à un défoulement bien légitime. En effet, le reste du temps, c'est la course perpétuelle contre le temps. Ainsi, à titre d'exemple, le 31 mai 1975, Status Quo joue à Eskilstuna, en Suède. Le concert se termine, comme de coutume, tard dans la soirée. Deux jours plus tard, le 2 juin, c'est au palais des sports de Paris que doit être donné la prochaine représentation. Près de 1.800 kilomètres séparent les deux villes. Aussitôt démonté, le matériel, chargé dans les deux camions, prend la route de la France, en début de nuit. Roadies et chauffeurs fournissent un travail remarquable. Toute la journée du 1er juin est passée sur la route. Il faut traverser Suède, Danemark, Allemagne et Belgique. Finalement, le matériel arrivera, à Paris, dans l'après-midi du 2 juin soit seulement quelques heures avant le concert. Il sera monté à la hâte afin de permettre au groupe de le tester rapidement.
Même si Status Quo a relativement peu tourné aux Etats-Unis, les anecdotes y sont nombreuses. Ainsi, lors d'une de ses tournées, Bob Young et John Coghlan sont invités, après un concert, dans la propriété de John Mayall par le propriétaire en personne. Quelques hôtesses les accompagnent alors que les deux compères ont plus qu'abusé sur la bouteille. A nouveau, en pareille circonstance, Coghlan devient incontrôlable. Bob poussa alors John dans la limousine qui les attendait devant la villa. Young somma, alors, le chauffeur de ramener le batteur complètement bourré à l'hôtel et de ne pas s'arrêter en route. 'Un jour, une femme est venue nous voir après un concert à Los Angelès. Elle avait une voiture noire avec un intérieur tout en noir, elle-même vêtue de la même couleur. Elle s'est présentée en nous disant qu'elle était notre fournisseuse locale de cocaïne. Tout ce que vous voulez, je l'ai, nous disait-elle. Elle était effrayante. Elle m'a ramené en voiture à notre hôtel, conduisant à travers Sunset Strip à plus de 110 kms à l'heure, j'ai alors réalisé qu'elle n'avait pas tous ses sens et qu'elle était réellement dangereuse. Tout était différent pour nous, jeunes Anglais. Un soir, après un concert au Whisky, je rejoignais notre hôtel à pied. Le lendemain, j'en parle à un de nos roadies américain. Il s'exclama alors : 'Quoi, tu as traversé à pied Sunset Strip à deux heures du matin ? T'es cinglé ou quoi ? Je me demandais où était le problème. Il me rétorqua simplement de ne plus faire ça car je risquais, tout simplement, de me faire assassiner'.
Status Quo tourne sans cesse pratiquement tous les mois de l'année, surtout lors de la sortie de l'album annuel. En effet, les ventes des albums sont conditionnées par les concerts. Le management s'est vite aperçu que lorsque le groupe cesse les tournées, les ventes de disques baissent de façon significative. Lorsqu'un pays est visité, les chiffres de vente sont à nouveau à la hausse. Ainsi la tournée 'On the level' qui se déroule de janvier à juin 1975 permet à l'album de se vendre à plus de 1 millions d'exemplaires, à travers le monde. Il en sera de même pour 'Rocking all over the world' dont la tournée s'étale de novembre 1977 à mars 1978. Il ne faut pas oublier, non plus, que Status Quo est le meilleur ambassadeur de sa musique et en tournée, dans tous les pays visités, le groupe doit se plier aux exigences de la presse écrite et des stations de radios ou encore des télévisions. Ainsi, un grand nombre de jours de relâche sera employé à ces tâches que Coghlan détestera. Mais, tout ceci a pour conséquence de mettre le groupe constamment sous pression. Ce qui apparaissait comme un amusement ou une certaine forme de fierté devient peu à peu une véritable servitude. Il en est de même, pour la remise des disques d'or. Souvent les filiales étrangères de la maison de disques, profitant d'une tournée et d'une visite dans le pays concerné, organisent des remises officielles après des concerts ou lors des jours de relâche. Encore une fois, la routine prendra vite le pas sur le plaisir. Contrairement à la rumeur, Status Quo n'écume pas, si souvent, les boîtes de nuit après les concerts. Les musiciens préfèrent rester à l'hôtel à s'amuser ou à boire. Les chambres sont souvent le théâtre de beuveries ou plaisanteries en tout genre au grand damne des directeurs d'hôtel.
Ainsi, pendant les années 70, dans un hôtel de Bielfield, Parfitt faillit se casser la jambe en voulant faire une farce à Lancaster. Il se cacha derrière le rideau de la chambre de ce dernier, recouvert d'un grand drap blanc, attendant qu'il soit endormi afin de lui bondir dessus et lui foutre une frousse dont il se souviendra, en mimant un fantôme. Malheureusement, alors qu'Alan s'endormait, le saut de Rick fut trop court et son tibia vint fracasser le côté en bois du lit de son copain de bassiste. Les cris de douleurs de Parfitt n'auront d'égal que le fou rire de Lancaster. Cependant, Alan ne voit pas d'un bon œil que l'on vienne plaisanter dans sa chambre, lui qui aime l'ordre et est le seul des quatre à rendre les clefs d'une chambre parfaitement rangée. Une fois, les employés d'un hôtel qui hébergeait Status Quo surprennent un homme en train de taillader un sofa dans le hall. Cet homme ressemble au batteur de Status Quo, semblent-ils dire. Le lendemain matin, Colin Johnson est convoqué afin de s'acquitter d'une amende de 1.000 Livres, l'homme ayant été surpris étant bien John Coghlan. Dans le même temps, la police locale investit l'hôtel, l'un des camions de Status Quo ayant mystérieusement roulé en bas de la rue détruisant deux voitures. La police allemande du, à nouveau, intervenir, lorsqu'un jour, à l'hôtel, John, alors qu'il prenait son bain, écouta à tue-tête un disque de Led Zeppelin. Malgré les plaintes des résidents et la mise en garde de Johnson, ce seront bel et bien les forces de l'ordre dépêchées sur place qui confisqueront l'objet du conflit. En 1978, dans un hôtel allemand, après un concert, Lancaster se relaxe en jouant au backgammon, dans sa chambre, avec un roadie. A ce moment, Coghlan, passant à proximité, leur crie à travers la porte de faire moins de bruit, jugeant leur jeu trop bruyant. Lancaster, surpris, se dirigea vers la porte de sa chambre afin de savoir de qui provenait ces cris. Dès qu'il ouvrit la porte, il reçut de la part du batteur une droite aussi inattendue qu'incompréhensible. Le sang chaud de Lancaster se mit à bouillir et seule l'intervention de Young et Crux, permit de ne pas assister à un pugilat entre les deux hommes de la section rythmique du Quo.
Certains hôtels refuseront, par la suite, de loger les quatre musiciens, qui, il faut bien l'admettre, ne font pas partie des plus destructeurs des groupes de rock. En effet, à ces périodes rebelles s'ajoutent certaines phases de relâchement où le groupe semble s'ennuyer, enfermé entre ces quatre murs. En ces moments, le téléphone est alors copieusement utilisé. Bob Young avait l'habitude d'établir des factures personnelles. A ce titre, lors de la tournée australienne de 1978, Francis Rossi et Rick Parfitt dépensèrent pour plus de 3.000 £, à eux deux. Lors de cette même tournée, le groupe doit braver, en avion, un terrible orage afin de se rendre au prochain concert. 'Pour se donner du courage, nous chantions des titres de Buddy Holly' plaisante alors, le groupe ! A cette époque, si les chambres d'hôtel sont plus luxueuses, il en est de même pour les véhicules qui, dès 1976, se transforment en jets privés et limousines somptueuses. Il arrive encore, assez fréquemment, que le groupe soit invité à des dîners par les représentants des maisons de disques des pays qu'ils traversent. Mais, il arrive que ces réceptions soient perturbées par l'attitude difficile de John Coghlan. En Allemagne, lors d'un dîner avec des représentants de Phonogram, il traversa la table en marchant dessus et quitta la salle. Quelques temps après, lors d'un nouveau repas, jugeant qu'il en avait assez vu, il quitta le dîner en balançant une poire en direction de Rossi qui l'évita de justesse. Alan Lancaster affirme que ce sont les concerts qui influencent tout ce que le groupe peut faire. 'Sans eux, il n'y aurait pas de groupe' déclare t-il.
En 1977, le groupe renforce encore son matériel de scène. 'Chaque fois que nous partions en tournées, nous dépensions de plus en plus d'argent pour obtenir un super son et un beau jeu de lumière. Chaque tour était de plus en plus perfectionné et nous payons de plus en plus car notre niveau n'arrêtait pas de s'améliorer' affirme Rossi. Il n'est pas rare de voir près d'une quinzaine de personnes s'occuper du groupe en tournée. Il faut dire qu'il faut assembler plus de deux cents pièces différentes, des centaines de mètres de câble. En France, lors de la tournée de janvier 1978 effectuée dans des conditions climatiques difficiles, plus de 4.000 kms sont effectués en un peu plus de deux semaines pour satisfaire les quinze dates. Encore une fois, ce sont roadies et chauffeurs qui effectuent un tour de passe-passe extraordinaire. Francis Rossi exprimera d'ailleurs, peu de temps après, sa profonde hantise du réseau routier français. Bob Young est le coordinateur de tout ça et rédige fréquemment des penses-bêtes considérés comme de véritables notes de service. Ainsi, lors de la tournée 'If you can't stand the heat', il rédige au mois de janvier 1979, plusieurs papiers qu'il remet au management et aux membres du groupe. Il y déclare en substance qu'il est hésitant à avoir un groupe en première partie et préférerait passer un film. 'Off the road' est évoqué.
Mais organiser une tournée alors que le groupe est à son apogée est souvent un casse-tête chinois. Chaque nuit est vitale. Tout est calculé au plus juste et un seul concert annulé peut être la cause d'une catastrophe financière. 'Si tu réserves une salle à l'avance, tu dois forcément la payer' affirme Rossi. De ce côté là, Status Quo honorera souvent, très souvent ses engagements, même quelquefois avec l'un des membres grippé ou dans un état physique demandant l'alitement. Un autre problème concernant les tournées est la sécurité. En 1978, un fan allemand meurt pendant un concert et il semblerait qu'un spectateur ait été surpris avec une arme sur lui lors d'un concert français, la même année. La question de la sécurité est quelque chose qui préoccupe énormément le groupe, pour deux raisons. La première, naturellement pour le bien-être des fans mais la seconde préoccupation est d'ordre financière car les dépenses liées à une sécurité accrue se répercute inexorablement sur le prix des tickets au grand damne de Status Quo.
1979 est la dernière année où les tournées sont organisées par Bob Young. Les caractères difficiles des membres du groupe ne lui facilitent évidemment pas la tâche. 'C'était mon travail de garder la paix et de restaurer l'ordre après que les choses se soient mal passées. C'était ma responsabilité de diriger le groupe à travers le monde, de m'assurer qu'ils seraient sur scène chaque soir, de les véhiculer pour le prochain concert, le jour suivant. Je ne voulais pas que le groupe n'ait qu'une mauvaise réputation'. La chose n'est pas aisée pour Young, qui doit résoudre les problèmes d'égos de plus en plus nombreux entre Lancaster et Rossi, la dépendance à la cocaïne de Parfitt et l'alcoolisme ainsi que le caractère rebelle de Coghlan. Bob doit supporter les coups, surtout ceux de John qui n'hésite pas, une fois, en Allemagne, à régler aux poings, ses problèmes avec Bob, lequel encaissa sans répondre.
Pendant les années 70, dans les hôtels fréquentés, lors des tournées, un dénommé Blackie, lequel fait partie du groupe de roadies qui accompagne Status Quo, décide de créer ce que le groupe et lui appelleront le 'Blackie's bar'. Une pièce de l'hôtel est réquisitionnée et arrangée de manière à ce qu'elle devienne le bar privé du groupe, des roadies et de leurs invités, principalement féminins. C'est généralement Bob Young, lui-même qui a pour mission de trouver la pièce de l'hôtel la plus appropriée. En général, les plus belles plantes et les plus confortables fauteuils sont réquisitionnés afin de rendre l'atmosphère encore plus agréable. Bob Young se doit également de ravitailler le Blackie's bar en alcool. Quelquefois, une sono y est même installée. Ainsi, plusieurs nuits, après les concerts, s'écoulèrent de la sorte, dans une certaine intimité, intimité préservée quelquefois par des gardes en faction devant la porte. Cependant, le fait de faire partie du groupe ne permet pas toutes les incartades. Ainsi, Parfitt fut, une fois, viré car il était arrivé portant du rouge à lèvres. Coghlan, lui, fut viré plus souvent qu'à son tour, lorsqu'il était saoul. John détestait vraiment être viré et essayait par tous les moyens de revenir même en escaladant le mur pour entrer par la fenêtre. De violentes discussions entre lui et les hommes de faction devant la porte avaient fréquemment lieu. John prétextait qu'il était le batteur de Status Quo et que ces pauvres petits gardes n'avaient aucun droit sur lui. Mais, rien ne les ferait changer d'avis. Alors, il ne restait plus qu'à l'infortuné John d'aller boire, seul, au bar de l'hôtel.
En 1981, pendant la tournée 'Never too late', sous l'égide de l'autoritaire, Iain Jones, pas moins de quinze guitares et trente amplis accompagnent le groupe. Le montant total du matériel utilisé par Status Quo représente plus de 110.000 £. Le nouveau jeu de lumière a une puissance de 250.000 watts, la sono, elle déploie près de 15.000 watts et une énorme scène pliante suit la formation. Le groupe innove des spots lumineux, de différentes couleurs, tournés vers le public, donnant, ainsi, une nouvelle dimension aux concerts. Il faut plus de cinq heures aux dix huit roadies pour assembler tout le matériel, le tout étant véhiculé par cinq semi-remorques. La tournée 1981 est difficile pour le groupe, longue, monotone, ne générant plus cette joie de vivre bien typique au Quo des années 70. 'On me demande fréquemment si je m'ennuie avec le groupe. Bien sûr, quelquefois, j'en ai assez de tous ces voyages mais dès que nous sommes dans nos loges attendant de monter sur scène, je suis à nouveau excité. Etre sur scène surpasse de très loin les moments ennuyeux du voyage' affirme pourtant Rossi à cette époque. Pourtant, lors de cette tournée, Francis respecte un cadre de vie très strict. Il ne sort pas avec les autres. C'est chambre d'hôtel, soundcheck, concert, chambre d'hôtel, jour après jour. Bien sûr, il ne déroge pas à sa règle d'or : Cocaïne tous les jours. Comme son ami Parfitt. Il arrive que, de temps en temps, les deux potes attendent que Lancaster soit profondément endormi pour pouvoir prendre leur dose. 'Sinon, il allait prévenir Johnson ! C'était vraiment stupide !' précise Francis. Mais, soir après soir, le groupe assure sur scène. 'L'une de mes plus grandes frayeurs, c'était de me lever le matin après avoir fait une grosse bringue toute la nuit et de savoir qu'on avait un méga concert, le soir' explique Parfitt. Au niveau promotion, Rossi ne fait que le minimum, l'esprit de groupe ayant disparu. Mais il est vital de tourner. Les ventes de disques sont liées aux concerts. 'Dès que nous arrêtions la 'campagne', les ventes de disques stoppaient' souligne Johnson.
Depuis plusieurs années maintenant, à chaque concert, Coghlan interprète un solo de batterie que les autres, quelquefois, trouvent trop longs. Lorsqu'ils lui demandent de le réduire quelque peu, le soir d'après, il se fait un plaisir de le rallonger. Il faut dire que les fans aiment ses soli et John le sait bien. Les excès, en tout genre, fragilisent les organismes des cinq compères qui ont parfois un mal fou à terminer les concerts, les rappels étant de véritables corvées. Le groupe passe donc les 2/3 de sa vie en tournée ce qui n'est pas sans poser quelques problèmes. 'Quand nous tournons, nous sommes les uns avec les autres vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Les nerfs sont mis à rude épreuve. Nous avons beaucoup d'engueulades concernant les chansons, la set-list. Certains veulent en changer, d'autres pas. Nous avons encore des disputes concernant l'argent ou juste un verre ou encore juste une femme' affirme Coghlan. Si le groupe est constamment ensemble, pendant les tournées, il n'en est pas de même en privé où les membres ne se fréquentent que très peu. Quelquefois, après la représentation, des fans sont invités à rencontrer le groupe dans les loges. John Coghlan avoue qu'il a besoin d'une bonne demi-heure pour se remettre d'un concert. Rencontrer des fans pendant ce laps de temps lui est quelquefois pénible. A partir de 1977, Status Quo s'octroie plus de périodes sans concerts. Avant, le groupe tournait et jouait partout où il pouvait. Francis, Rick, Alan et John ont besoin de ces périodes pour se ressourcer, les quatre n'étant plus aussi unis. En 1979, Status Quo ne tourne que les six premiers mois de l'année. 'Il faut savoir que nous n'aimons pas réellement tourner. Dans les premiers temps, oui ! C'était excitant de visiter de nouvelles places mais lorsque tu as vu ces pays plusieurs fois, fait le tour du monde plusieurs fois, ça devient ... bof ! Quand tu fais ça depuis vingt-deux ans, l'excitation devient routine ! souligne Lancaster, en 1984.
A travers les années, le groupe possèdera un bus personnel, de plus en plus sophistiqué. Ainsi, en 1984, il est estimé à environ 2 millions de francs. Il possède deux salons, douze couchettes, un bureau, quatre télévisions et un bar. Maintenant, le nouveau bus de Status Quo est encore plus moderne et bien sûr, la climatisation qui sera bien utile, notamment à Montereau, en juillet 2003 où le groupe attendra, à l'intérieur, son tour, bien patiemment alors que, à l'extérieur règne une chaleur caniculaire. En 1986, le 'nouveau' Status Quo débarque sur scène. Rhino déclare alors qu'il est sidéré de la quantité de drogue qu'ingurgitent Rossi et Parfitt. D'après Rossi, sa dernière vraie soirée de beuverie aurait eu lieu, en 1987, alors que le groupe doit jouer à Amsterdam, aux Pays-Bas. Néanmoins, sur scène, le groupe semble régénéré, beaucoup plus empreint d'une certaine joie de vivre qui lui faisait défaut depuis quelques années. Les morceaux sont joués plus vite ce qui donne une apparence de dynamisme. Mais, en fait, c'est le jeu de Jeff Rich qui amène tout ce petit monde à accélérer le rythme. Quelquefois, les cinq membres s'ennuient pendant les longs trajets qui doivent les transporter de ville en ville. La présence de l'un ou de l'autre peut devenir pesante. Ainsi, pendant la tournée 'Just for the record' de 1993, David Walker met sur pied une sorte de compétition où les membres de Status Quo doivent s'affronter au Trivial Pursuit, aux échecs, au bowling, aux cartes ou encore au backgammon. Pour l'anecdote, le classement final est : 1. Edwards, 2. Bown, 3. Rossi, 4. Rich et 5. Parfitt. Pendant la tournée australienne de 2006, le groupe décide, dans un grand hôtel, de récompenser les roadies et demande tout simplement au gérant de ne permettre qu'à eux seuls l'accès au bar. Afin de ne pas froisser les invités et autres estivants, le management décide d'offrir à chacun d'entre eux une bouteille de champagne. Coût de la facture : 5.000 £.
Au mois de mai 2010, le groupe est bloqué à Moscou à cause de l'irruption d'un volcan islandais, lequel paralyse la quasi-totalité des vols européens. Qu'à cela ne tienne, les cinq membres sont véhiculés par train jusqu'à Varsovie, là où les attend leur bus, parti de Londres, quelques jours avant, les récupérer. 'On aurait jamais cru être bloqué par un volcan' ironise Francis Rossi. De tout temps, Francis Rossi est, en général, le premier à arriver, semble le plus professionnel faisant, sans cesse, des réglages et ce, jusqu'à la dernière minute. Rhino et Andy profitent, en général, des tournées pour visiter les monuments et musées des pays visités, leur valant le surnom de 'Walkmen' de la part des autres. De son côté, Francis Rossi ne se déplace pas sans son oreiller personnel et il fait très attention à son hygiène de vie, même en tournée.
Une journée de concert, il mange vers 14 heures 30 pour avoir l'estomac vide sur scène. Son repas est essentiellement constitué de fruits et d'un cocktail d'ananas, de bananes, de kiwis et de mangues. Par rapport à Rhino et Andy, il préfère rester tranquillement dans la chambre de son hôtel ou bien prendre le soleil sur la terrasse de sa chambre. La première chose qu'il fait le matin, juste après son réveil, c'est d'appeler Eileen, sa femme. En tournée, les problèmes peuvent être également administratifs, comme dans certains pays où des problèmes de visa, de passeports ou permis de travailler ont pu voir le jour et, à chaque fois, réglés par Young, Jones et consorts.
Autre élément des tournées : La tenue vestimentaire. Certes, le Quo a peu évolué, en ce domaine, pendant ses quarante ans de carrière. Pendant les années 1964 à 1967, sur scène, le costume bleu est de rigueur. Les cinq lascars sont habillés de la même manière comme il en est souvent coutume à l'époque. En 1970, le groupe adopte le jean qu'il gardera certainement jusqu'à la fin de sa carrière, avec cependant, certaines variations. Jusqu'à la fin de l'année 1973, Rossi porte, la plupart du temps, un tee-shirt blanc d'une grande simplicité, qu'il recouvrira définitivement de son célèbre gilet, au début de l'année 1974. Il ne changera plus de look ! Parfitt, lui arbore veste et pantalon en jean alors que Lancaster lui est vétu d'un blouson de cuir. Coghlan, lui, porte, invariablement veste de jean ouverte ou tee-shirt sans manches de couleur plutôt sombre. A partir de 1976, Lancaster laisse tomber le cuir pour un tee-shirt vert certainement plus facile à porter sur scène alors que Parfitt arbore une superbe chemise noire fleurie (prêtée au départ par Andy Bown) qu'il abandonnera pourtant l'année suivante au profit d'une simple chemise blanche en satin qu'il gardera jusqu'au 'End of the road' tour en faisant, quand même une entorse, en 1979 où il reprend la veste de jean. La tenue de Rhino n'évoluera jamais au fil des ans (chemise, jean baskets) ! On peut considérer que Status Quo a joué, à ce jour, plus de cinq mille concerts.