End of the road tour 84

Dès 1976, Status Quo est en proie à quelques tensions internes de plus en plus fortes, difficilement devinables de l'extérieur et pourtant, avec le recul, de nombreux signes laissent entrevoir la mésentente qui s'amplifie au fil des ans. 1976, Coghlan fonde Diesel Band pour s'oxygéner de l'emprise Status Quo. 1977, Pip Williams produit le groupe contre l'avis de Lancaster qui est même remplacé par une ridicule marionnette lors de l'enregistrement de 'Rocking all over the world' pour l'émission 'Tops of the Pop'. 1978, 'If you can't stand the heat' creuse un peu plus le fossé entre Lancaster et Rossi, alors que ce dernier s'allie pour l'écriture à Bernie Frost produisant une musique beaucoup plus soft. 1979, les deux singles de l'année sont encore signés Parfitt ce qui agace quelque peu Rossi et Lancaster. 1980, le tragique décès d'Heïdi plonge naturellement Rick dans une forte dépression bien légitime. 1981, Coghlan tire sa révérence. 1982, l'album annuel est de médiocre qualité. 1983, l'affaire 'Marguerita time' entre Lancaster et Rossi. L'influence de la drogue et de l'alcool ira crescendo au fil des ans créant d'incessants conflits d'égos. Ce sont tous ces éléments, à échelles diverses, qui aboutissent sur le fait que les musiciens ne veulent plus tourner ensemble. L'issue de cet état de fait est donc cette tournée 'End of the road' qui est mise sur pied au mois de janvier 1984.


A aucun moment, il n'est fait état, ni par le groupe ni par le management, de la mauvaise ambiance et des dissensions qui règnent au sein de la formation. 'Chaque chose a une fin et il semble que ce soit le cas pour nous. Ca va être assez étrange et nous nous sentons assez malheureux. Cependant, je ne crois pas que l'on puisse nous taxer d'avoir pris une décision hâtive. Nous voulons tous partir alors que nous sommes au sommet. Nous sommes tous impliqués par divers projets à l'extérieur du groupe et ça nous donnera plus de temps pour nous y consacrer.' souligne Rossi. Il affirme également d'une manière ironique qu'il perd ses cheveux et qu'il ne peut plus se produire sur scène à cause de ça. 'C'est une des choses les plus tristes sur scène car je n'ai plus de cheveux à secouer' avoue t-il. L'aspect physique est également mis en avant. 'J'ai maintenant 35 ans et mon corps ne répond plus comme à 25. C'est particulièrement éprouvant de tourner comme nous le faisons, surtout lorsque nous jouons deux heures par soirée' avoue Rossi. 'Sur les deux dernières tournées, j'ai terminé vraiment malade. Un docteur, en France, m'a même avoué qu'il était inquiet sur mon état de santé général. J'ai alors réalisé que je ne voulais plus tourner avec Status Quo plus longtemps'. Ajoute t-il. 'Status Quo s'est toujours donné à 100% sur scène. Nous arrêtons toutes activités live car nous avons le sentiment de ne plus pouvoir le faire' renchérit Parfitt. Le guitariste rythmique avance également une explication surprenante. 'Je pense que nous sommes allés aussi loin que nous le pouvions. 25 ans me paraissait déjà vieux et maintenant, j'en ai 35. Je ne veux pas paraître aussi mauvais que Keith Richard et je ne me vois pas encore faire ça à 40 ans'. Il est impensable de croire que Parfitt pensait réellement ça surtout quand on a pu le voir, jusqu'en 2016, martyriser sa guitare comme aucun autre gratteux au monde. Alan Lancaster déclare, de son côté : 'Status Quo, c'était toute notre vie mais ce ne l'est plus. Nous avons nos familles et d'autres choses personnelles qui font que Status Quo n'est plus qu'une partie de notre vie, une grosse partie mais pas tout'.


John Coghlan semble étonné de voir son ex-groupe arrêter les tournées. 'Je suis surpris de voir qu'ils stoppent leurs tournées. Je pensais qu'il y en aurait encore pour quelques années' déclare t-il. Au mois de février, Rick Parfitt lâche : 'Nous disons que ce sera notre End of the road tour et ce le sera bien que nous continuerons à faire des albums'.  Le 18 février, les 27.000 tickets des concerts londoniens, à l'Odéon d'Hammersmith, dont les prix oscillent entre 6,50 et 7,50 £, sont vendus en seulement quatre heures. La demande de billets représente le double de celle de 1982. Une foule imposante attend, discipliné, devant la salle afin d'avoir le ticket tant convoité. Le même jour, à travers toute l'Angleterre, les énormes files d'attente se forment devant les salles où sont prévus les concerts, certains arrivant la veille et campant devant les guichets. 'En fait, beaucoup d'organisateurs de mémoire d'homme déclareront que jamais, ils n'auront vu des files d'attente aussi longues. Même le groupe fut surpris. Nous savions que ça se vendrait mais ça s'est vendu beaucoup plus vite que nous ne l'imaginions' affirme Rossi. Les concerts de Birmingham, le 26 mai, Deeside, le 1er juin, Stoke, le 7 juin, et Shepton Mallet, le 4 juillet, sont réservables uniquement par correspondance à Quarry Productions, la maison de production du groupe, au prix de 7,50 £.


Le succès est tel que le management du groupe se voit obligé de rajouter deux dates au Nec de Birmingham, les 25 et 27 mai. 22.000 places rajoutées d'un coup c'est dire si la demande est gigantesque ! Un nouveau concert voit également le jour à Bridlington, le 21 juin. La ville de Brighton est, quant à elle, oubliée des tablettes du groupe. Une pétition montée par des fans est alors mise sur pied et recueille la bagatelle de 4.000 signatures. Le management décide alors de mettre sur pied un concert au stade de Crystal Palace, le 14 juillet. Cette date sera la dernière rajoutée quoiqu'il arrive.  Au mois de mars, le groupe entame des répétitions dans une ambiance sereine et décontractée semble t-il ce qui ne lui était plus arrivé depuis longtemps. Le fait de savoir que la tournée à venir sera la dernière semble avoir enlevé toutes pressions. 'Vingt deux ans de rock et l'unique sens de l'humour de Quo, en dépit de plusieurs problèmes était intact' précise Bob Young. 'Lorsque nous avons décidé de mettre sur pied cette ultime tournée, nous étions comme soulagés' souligne Rossi. Francis, Rick, Alan, Andy et Pete répètent, donc, leur inamovible set-list. Aucun morceau des trois derniers albums n'est joué mais le souhait de Lancaster d'interpréter un medley, émis trois ans auparavant est exaucé. Sur scène, le groupe jouera donc : Caroline, Roll over lay down, Paper plane, Backwater, Just take me, Little lady, Don't drive my car, Mystery medley, Hold you back, Rocking all over the world, Over the edge, Dirty water, 4500 times, Big fat mama, Don't waste my time, Roadhouse blues, What you're proposing, Rain, Down down et Bye bye Johnny. Pas de gros changements par rapport à la tournée précédente alors qu'on était en droit d'attendre quelques surprises pour la tournée d'adieux. Pendant que les cinq musiciens mettent au point les derniers détails, le management est, lui, confronté à un problème bien réel, un problème que chaque management aimerait avoir. Malgré l'ajout de quelques dates, la demande est bien supérieure à l'offre. Afin de contenter tout ce petit monde, il est finalement décidé de donner naissance à un ultime concert, pas dans une salle ou dans un stade mais dans la cuvette du Milton Keynes capable d'accueillir plusieurs dizaines de milliers de personnes. Cette date est officialisée, le 31 mars. Afin de permettre à un maximum de fans de participer au concert, plus de quatre-vingt points de ventes sont éparpillés aux quatre coins de l'Angleterre. Le prix du billet est fixé à 10£.


La première date de la tournée qui compte maintenant soixante-dix dates est prévue le 11 avril à Dublin, au Royal Dublin Showgrounds. Un bootleg est extrait de cette prestation. Le lendemain, Status Quo donne encore un concert dans la même salle avant d'enchaîner sur deux dates au City Hall de Cork. Le 15, le cinquième concert de la tournée est prévu à Limerick. Seulement, à cause de récurents problèmes techniques, le groupe se produit finalement à Cork, pour la troisième fois consécutive. Le 23, après cinq jours de repos, le groupe entame, à Ulm, la partie allemande de la tournée. Huit concerts sont donnés mais paradoxalement dans des salles plus petites qu'à l'accoutumée. Deux bootlegs témoignent, pourtant, de la popularité du groupe en Allemagne. La partie scandinave (du 3 au 5 mai) de la tournée est un réel succès. Le Scandinavium de Goteborg est plein à craquer et 8.000 fans sont venus dire adieux à leurs idoles. Par contre, on peut être étonné de voir Status Quo ne donner qu'une seule date aux Pays-Bas. Ce sera le 8 mai à Zwolle. Après une journée de repos, le groupe débarque en France pour sept concerts entrecoupés d'un bref passage en Suisse. Au Zénith de Paris, le 10, 4.000 personnes honorent les Quo. Ce concert est immortalisé par un enregistrement pirate, malheureusement de piètre qualité. Un semi-succès! On pouvait s'attendre à plus après trois ans d'absence. Bref, sur la route de la Suisse, Status Quo annule le concert prévu au palais des Sports de Besançon (pour réservation insuffisante) avant de participer au festival TV de Montreux, le 12 mai. Le lendemain, au Sportthall de Bâle, le groupe ne semble pas au mieux, les traits tirés. Les routiers du rock ne supporteraient-ils plus les tournées ? En tout cas, Rossi semble le plus atteint. Il finit par s'écrouler sur scène, victime de violentes douleurs dans la poitrine. Pourtant, le groupe entier est bien présent, le lendemain, à Lausanne, où est enregistré peut-être le meilleur bootleg de la tournée (malgré le plantage de Rossi sur 'Caroline') si on excepte le Milton Keynes. Le 15 mai, à Lyon, au palais d'hiver, Rossi termine difficilement le concert.  NME titre alors : 'Panique chez Status Quo en France mais la tournée anglaise tient toujours'. Aussitôt après le concert de Lyon, le groupe rejoint l'aéroport de Lyon-Satolas et rentre à Londres. La thèse officielle de l'annulation des derniers concerts est une intoxication de Rossi due à une utilisation intense de fumigènes sur scène et à une sombre histoire de savon liquide employé dans un hôtel. Mais Rossi est fatigué, usé, affaibli par divers abus. Il n'a jamais bu autant de tequila, jusqu'à deux bouteilles par jour, ni consommé autant de cocaïne, jusqu'à trois grammes par jour. Il arrive quelques fois qu'un roadie se voit obligé de le transporter sur ses épaules jusqu'à la scène, Rossi n'étant qu'à demi-conscient mais arrivant à jouer l'intégralité du concert, on ne sait trop comment. Certains fans l'ont même vu, avant le concert du Milton, complètement cassé, comateux, soutenu par deux gardes du corps, l'emmenant aux toilettes, rejeter les trop perçus. 'Rick et Francis étaient certainement à leur pire période. Ils fonctionnaient difficilement. C'était très embarrassant de monter sur scène car Rossi était bourré, la plupart du temps. Il buvait et consommait de la drogue. Il en était de même pour Rick bien que je dois admettre que, sur scène, nous avons toujours mis tout notre cœur et notre âme dans ce que nous faisions même après le départ de John. 'Live', nous n'avons jamais vacillé. Ca a toujours été aussi bon que ça pouvait l'être même quand l'un d'entre nous ne semblait au mieux. Nous avons fait ça pendant des années. Pour nous, le public est toujours passé en priorité même pendant ces dernières années. Mais sur scène, Rossi engageait le pilote automatique et y mettait tout ce qu'il avait à jouer tellement il avait bu. Alors, il se mettait à faire des choses vraiment stupides comme te parler pendant que tu chantais. Tu ne peux pas jouer quand quelqu'un te crie dans les oreilles' explique Lancaster. Parfitt et Bown sont eux aussi très fatigués et il est impératif pour tout ce petit monde de récupérer pour être opérationnel en Angleterre. Les quatre derniers concerts sont donc annulés ainsi que celui de Bruxelles. C'est l'annulation de ce dernier concert qui pose le plus de problèmes car quelques compagnies anglaises telles que MGP ou encore Gateway promotions avaient organisé des voyages, retenu des hôtels. Ainsi MGP proposait pour 59£, départ de Londres, une journée entière à Bruxelles, billet de concert et rentrée en Angleterre ou alors pour 45£, transport plus concert. Gateway proposait le voyage plus le concert pour 43£. 'Voir Status Quo en action pour la dernière fois sur le continent européen pour seulement 43£. Nous vous transporterons luxueusement de Londres à Bruxelles et retour pour dire adieu au meilleur groupe qu'il y ait jamais eu'. Tel fut le slogan de Gataway, slogan qui, malheureusement resta sans suite. Le repos est bien évidemment salvateur. Le groupe est exténué. Francis Rossi explique que pour mieux dormir dans le bus et ingurgiter ainsi les kilomètres séparant deux concerts, les cinq musiciens passent la majeure partie des nuits, après les concerts à boire autant que possible pour se coucher, le matin, dans un état difficile, sur les couchettes du bus. Tout le monde dort alors qu'on les véhicule vers le prochain concert. C'est le 25 mai que débute la partie britannique de la tournée. Trois jours avant, le Prince de Galles, fait rédiger, par son secrétaire particulier, une lettre à l'attention du groupe. En substance, cette missive a le contenu suivant : 'Le Prince de Galles a entendu dire que Status Quo donnait, en ce moment, ses derniers concerts après plusieurs années d'un réel succès. Il se souvient avec un grand plaisir du concert à Birmingham que le groupe avait généreusement donné au profit de l'association Prince's trust. Le Prince présente, au groupe, tous ses vœux de bonheur pour le futur'. Trois concerts au Nec de Birmingham sont programmés. Plus de 35.000 personnes sont présentes sur ces trois soirées. Après avoir donné deux représentations au Gaumont Théatre d'Ipswich, Status Quo se rend pour deux nouvelles dates à l'Apollo Théatre de Manchester. 'Ca m'a vraiment touché quand nous sommes pénétrés sur la scène de l'Apollo de Manchester. J'ai pensé que nous n'y serions plus jamais ensemble. Ca m'étouffait'. Parfitt semble d'ailleurs le plus triste lors de cette tournée qu'il sait être la dernière. La scène va lui manquer terriblement, il le sait, en est conscient. Pour le moment, il essaie de ne pas trop penser à la fin et pense à savourer chaque instant. Il n'est pas rare de le voir jouer au soundcheck, sur des patins à roulettes. Mais sur scène, le groupe ne semble pas se sublimer, se faire plaisir. Rossi et Parfitt avouent abuser de la cocaïne et de l'alcool pour pouvoir se supporter les uns les autres. Rossi et Lancaster font illusions devant les caméras et les journalistes mais, en privé, les deux se déchirent, s'évitant au maximum. Entre les concerts, la route est longue, ennuyeuse et il n'est pas rare de voir les cinq membres du groupe véhiculés séparément. 'Nous ne pouvions plus nous regarder droit dans les yeux' souligne Parfitt. L'unité du groupe a belle et bien disparu. Non mentionnée au début de la tournée, la mésentente est timidement mise en avant maintenant. 'Nous avons souvent des querelles comme la majeure partie des groupes. Cependant, lorsque nous ne parlons pas de musique ni de business, c'est merveilleux. Nous sommes des individualités avec chacune sa manière de penser. Plus nous vieillissons, plus chacun pense avoir raison, bien sûr'. lâche Rossi. Il affirme de plus qu'il ne sera jamais plus question d'un come-back sur scène après cette tournée d'adieux. 'Je trouve ça répugnant et j'ai toujours détesté les groupes qui se séparaient et se reformaient. Status Quo ne fera pas ça et ce, quelque soit notre situation financière' souligne t-il. Lorsque Rick Parfitt émet le souhait de voir Status Quo éventuellement tourner aux Etats-Unis en cas de succès des futurs albums là-bas, Rossi s'empresse de contredire son copain de guitariste.


Pendant ce temps, le groupe aligne soirée après soirée. Les 12 et 13 juin, Status Quo donne ses derniers concerts au mythique Apollo de Glasgow. Même si l'ambiance n'est plus aussi explosive que pendant les années 70, les 8.000 spectateurs des deux soirées répondent présents comme le témoigne l'enregistrement pirate du 13 juin. Cinq jours plus tard, Status Quo entame la dernière ligne droite de cette tournée, partie anglaise dont le point d'orgue est cette série de sept soirées consécutives à l'Odéon d'Hammersmith, du 24 au 30 juin. A la fin du dernier concert, Phonogram organise une réception à Stamford Bridge afin d'honorer le groupe. Le lendemain étant jour de repos pour Status Quo, cette soirée ne se terminera que tard dans la nuit. Plusieurs amis du groupe sont présents tels que Brian May et Roger Taylor de Queen, Lemmy de Motorhead, John Entwistle, Kenny Jones, Rick Wakeman ou encore Denny Laine. Bob Young est également présent et c'est là qu'il est pris la décision de le faire apparaître lors du concert du Milton, un juste retour des choses tant sa présence fut déterminante dans la carrière du groupe. Status Quo donne encore huit concerts avant de prendre trois jours de repos pour être opérationnel pour les deux derniers méga-shows de la tournée. Pour ces deux derniers événements, un tour programme est édité tout spécialement. Le 14 juillet, le groupe joue au stade de Crystal Palace, devant 28.000 personnes. Les cinq membres et leur public arrivent à esquiver la pluie qui a considérablement gêné les groupes assurant les premières parties dont lesquels on retrouve notamment Dave Edmunds et Phil Lynott, le concert de Quo étant prévu commencer à 20 heures. Ce concert est, bien évidemment, immortalisé sur un bootleg. Le groupe prend alors une semaine de repos, histoire de bien préparer ce qui doit être, à la fois, un événement émouvant et triste : Le dernier concert de son histoire ! Le lieu choisi est le mythique Milton Keynes Bowl. Le lieu est idéal. Situé à 75 kms au nord-ouest de Londres, l'immense cuvette, pouvant contenir 65.000 personnes, accueille des concerts de rock depuis 1977. Certes, le site n'est pas complètement plein mais 45.000 personnes sont présentes. Question météo, rien à voir avec ce qu'il est advenu la semaine précédente. Le soleil inonde la célèbre cuvette de ses chauds rayons comme, pour, à la fois, réconforter les fans attristés et saluer le groupe une dernière fois. Les premières parties sont assurées par Jason et the Scorchers, Gary Glitter, Marillion et Nazareth. 5 heures 30 de musique non stop pour chauffer, une dernière fois, les fans de Quo. Ce sont deux hélicoptères qui véhiculent le groupe sur le lieu du concert. Avec un peu de retard, les cinq membres, les visages graves, gravissent les marches qui mènent à la scène. La sono de 250.000 watts est prête à cracher toute son énergie. C'est un Rick Parfitt réellement ému et tendu qui attaque les riffs de Caroline, laquelle doit forcément pleurer, dans son coin. Les morceaux s'enchaînent, sans magie. Le groupe prend conscience que chaque morceau joué ne le sera plus jamais. Rossi tend à rassurer ses supporters lorsqu'il affirme que le groupe continuera à vivre sur disque mais il est aisé de constater que le ressort est cassé. 

Les morceaux sont joués sans cette folie qui les rendait magiques. Seul le rappel semble un peu plus enjoué. Rossi apparaît plus souriant et même joueur. Aurait-il abusé de certaines substances illicites pendant la pause ? C'est fort possible d'autant qu'il ne s'est jamais caché que seuls l'alcool et la cocaïne lui faisaient accepter la présence de Lancaster, pendant cette tournée. 'Chacun d'entre nous était sous cocaïne car nous ne pouvions plus nous voir les uns les autres. J'ai vraiment beaucoup bu, lors de cette tournée. De ce concert, je ne me souviens de rien, pas plus du rappel que d'autres choses, juste que je me suis écroulé, à un moment'. En effet, peu de temps avant, deux gardes du corps le portèrent aux toilettes dans un état quasi-comateux. Pendant 'Bye bye Johnny', Rossi, Parfitt et Lancaster, à un moment, forment un cercle, s'enlacent et discutent intimement avant de se séparer jouer chacun de leur côté. Cette image est peut-être un symbole. 'On s'est apprécié, on a grandi musicalement ensemble mais maintenant nos chemins se séparent'. Pendant cette tournée, Francis Rossi et Alan Lancaster ont la joie de revoir 'backstage', leur ancien complice Alan Key. 'Bien que nous ayons joué devant les plus grandes audiences que nous ayons connues, j'ai détesté cette tournée. Ce fut affreux du début à la fin. J'ai surtout détesté le show final au Milton. Il y avait près de 50.000 personnes mais pour moi, c'était la place où je me sentais le plus seul au monde. Je me souviens qu'à la fin de chaque titre, je me disais que c'était la dernière fois que je le jouais. Quand nous avons finalement terminé, c'était étrange. Je ne pouvais pas croire ce qui arrivait, que c'était réellement la fin de quelque chose. Ca ne m'avait pas frappé jusqu'à ce que je sois assis dans l'hélicoptère qui nous ramenait vers Londres, survolant tous ces milliers de fans malheureux. J'étais comme eux, je ne voulais pas que ce soit la fin. Pourtant, il n'y avait rien à faire. J'étais silencieux et ne me souviens pas avoir parlé aux autres' avoue Parfitt. Le guitariste rythmique du Quo ne pourra pas retenir ses larmes, dans cet hélicoptère qui l'éloigne définitivement de la scène. Au total, le groupe donnera soixante-cinq concerts, devant près de 380.000 personnes, sur les soixante-dix initialement prévus. Après le concert du Milton, une réception fut organisée dans un hôtel des environs. 'J'ai dû prendre une sacrée cuite pour oublier que c'était fini' avoue Parfitt. Comme pour prolonger le moment fatal de la fin, cette nuit se prolongea jusqu'à 11 heures du matin. Vers 6 heures, on doit même aider Parfitt à se mettre au lit tellement il a bu pour oublier sa tristesse. 'Je riais et riais encore. Pourquoi ? Je ne sais vraiment pas pourquoi. Lorsque je me suis réveillé, dans le courant de l'après-midi, j'ai recherché mon chauffeur et ami, Ronnie, lequel était toujours saoul. Nous nous sommes aperçu qu'aucun d'entre nous n'était capable de conduire pour rentrer chez nous. Alors, je me suis recouché et finalement, nous avons quitté l'hôtel, vers 18 heures 30. A cette époque, personne ne savait que ce ne serait qu'une interruption scénique de deux années. Dieu merci ! Peu de temps après, le groupe se verra remettre, de la part de sa maison de disques, un trophée commémorant ce dernier tour.



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