Le Frantic Four


Lorsque Lancaster perd son procès contre Rossi et Parfitt, en mars 1986, la messe semble dite. Les incessantes batailles entre les deux parties sont si fortes, si haineuses qu'il ne reste que peu d'espoir de revoir un jour les quatre membres originaux rejouer ensemble sur scène. Parfitt, Rossi et Lancaster sont catégoriques à ce sujet : Pas de retour en arrière possible. Seul John Coghlan se dit prêt à tenter l'aventure. Tout le monde sait que la décision finale appartient à Francis Rossi, seul, Parfitt ne s'immisçant que rarement dans la gestion du groupe. Il essaie, néanmoins, de garder un certain contact avec Alan comme il l'explique lui-même : 'Je l'ai appelé deux ou trois fois au téléphone mais nos conversations étaient plutôt houleuses. C'était horrible alors j'ai cessé de l'appeler. J'étais à la fois triste et alarmé car si Alan te disait qu'il allait te briser le coup c'est qu'il allait te briser le coup !'. Au fil des années, plus personne n'évoque une éventuelle réunion. Le point de non-retour semble définitivement atteint lorsque Lancaster assigne, de nouveau, en justice, juste avant que Status Quo ne se produise en Australie au mois de mars 2010 (C'est, paradoxalement, cette énième tentative qui va réconcilier les vieux amis). Ses avocats le persuadent, alors, d'attaquer la compagnie de disques mais, également, à titre personnel Rossi et Parfitt. Les deux guitaristes se font alors représenter par leur manager, Simon Porter. La décision de justice ne contentant réellement personne, Porter cherche un arrangement à l'amiable avec Lancaster.


Un accord est, finalement, trouvé entre Porter, Lancaster et Coghlan, les dernières touches finales devant être entérinées lors de la tournée du mois de mars, en Australie. De Sydney, de sa chambre d'hôtel, Porter appelle, alors, Lancaster pour convenir des modalités. Pendant la conversation, Alan demande des nouvelles de ses anciens partenaires. Porter propose, alors, à Lancaster de lui passer Rossi, ce dernier étant présent dans la chambre. C'est, alors, la première fois qu'ils se parlent depuis plusieurs années. 'Au travers de toutes ces années, il y a eu toutes sortes de contact entre nous mais c'était hargneux. Là, ce fut complètement différent peut-être du au fait qu'il est malade, je ne sais pas. Il m'a avoué qu'il était désolé de ce qu'il se passait et qu'il y avait été amené. (en fait, ils rejetèrent la faute sur Colin Johnson, l'ancien manager). Une heure après, ils étaient encore en ligne. Lancaster fut invité au concert de Sydney. Parfitt se souvient avec émotion de ce moment : 'Ce fut extraordinaire de le voir de nouveau. Je fus choqué, néanmoins, par son état physique lui qui avait toujours été un bagarreur. Il était réellement dur et avait toujours eu un corps puissant. Alors le voir après tant d'années aussi frêle qu'il est fut un terrible choc'. Alan et Francis décident, alors, de mettre leur différence de côté et d'emblée, discutent de quel projet ils pourraient mener à bien. Ils évoquent des écritures communes et peut-être, jouer ensemble à nouveau. Simon Porter, le manager chargé de faire entrer de l'argent prend cette hypothèse très au sérieux : 'J'ai toujours pensé que le Saint Graal serait de les faire jouer à nouveau ensemble et j'ai toujours gardé ça dans un coin de mon esprit bien qu'au moment du procès, j'aurais parié un million de Livres sterling que ça n'arriverait jamais. Pourtant, ils avaient besoin d'enterrer la hache de guerre. Pour leur propre santé mentale, ils avaient besoin l'un comme l'autre de redevenir amis. Après ça, ils se mirent à entretenir une correspondance assidue et je commençais, sérieusement à croire que c'était dans le domaine du possible.

Dans le cadre du documentaire 'Hello Quo', les quatre se retrouvent au Shepperton studio afin de faire un boeuf ensemble. En dépit de nombreux défauts, la session arrive à les convaincre qu'il existe, dorénavant, une réelle chance de revenir en tournée en tant que line-up original. Pourtant, bien qu'il est extrêmement heureux d'avoir renoué avec Lancaster, Rossi est moins enthousiaste lorsqu'il s'agit de remonter sur scène ensemble comme le confirme Parfitt : 'Je ne suis pas sûr que Francis voulait, réellement, le faire mais je pense qu'il y avait une certaine pression du management et de ma part, également car j'étais vraiment partant. Je pensais qu'il serait super de revisiter toutes ces vieilles chansons.  Au printemps 2012, Rossi donne, finalement, son accord, ouvrant, de ce fait, définitivement la porte pour un Simon Porter aux anges. L'homme d'affaire a, déjà, étudié la rentabilité d'une telle tournée. Elle le sera. Reste à trouver les dates. Au mois de mai, il s'envole pour l'Australie rencontrer Lancaster. La rencontre a lieu dans un hôtel de Sydney. Porter est dépité à l'apparition d'Alan. 'Mon visage devait, plutôt, être tourné vers le sol. Il était à la réception avec une paire de béquilles, pouvant difficilement mettre un pied devant l'autre, même avec les béquilles. Il m'a, alors, déclaré qu'il essayait de prendre du poids pour pouvoir tenir une basse et faire les shows. J'ai mangé avec lui et sa femme et, pendant ce temps, je ne m'empêchais pas de penser que ça n'arriverait, peut-être pas.  L'acharnement de Lancaster à reprendre de la force n'a d'égal que les encouragements de Rossi, lequel pousse Alan et l'encourage du mieux qu'il le peut par vidéoconférence. Alan travaille tous ses muscles des bras, des jambes même sa voix. Il veut être au top. Il suit assidûment un régime censé lui redonner des forces. En un mot, il ne se ménage pas. Aussitôt arrivé en Angleterre pour les répétitions, il emménage chez Francis Rossi. 'J'ai beaucoup utilisé son matériel de musculation. Francis m'a apporté une aide prodigieuse. Ce fut un énorme travail pour être prêt pour la tournée et c'est, réellement, son support qui m'a aidé. Il nous conduisait aux répétitions tous les jours, lorsque nous étions de retour, nous mangions, regardions la télévision, jouions un peu de guitare, discutions avant de nous coucher. Le lendemain, il me réveillait en me faisant mon petit déjeuner. Il m'a amené dans une bonne routine'.

Les progrès physiques d'Alan sont visibles et rassuré par le fait qu'il sera assez costaud pour jouer, Porter commence à mettre sérieusement en place la tournée en mettant en vente les tickets des cinq shows initialement prévus. 'Quand nous avons, originalement, programmé le tour, nous avons mis sur pied cinq concerts. Je serais honnête, je me suis toujours demandé si le retour du groupe original aurait un tel impact. En effet, les tournées du Status Quo actuel sont toujours de réels succès tant en Grande-Bretagne qu'en Europe. Est-ce que c'est quelque chose qui ne plairait qu'aux fans 'hardcore' ou bien cela s'étendrait-il à une plus large audience ? La réponse fut apportée lors de la mise en vente des billets puisqu'ils se vendirent tous en une demi-heure. Nous avions quatre autres shows prévus au cas où ça se présenterait de cette façon. C'est allé au delà de nos espérances'. La machine est lancée. Plus de retour en arrière possible. C'est sereinement que Rossi, Parfitt, Lancaster et Coghlan entament les répétitions. Pourtant, le premier jour est un tel désastre que le soufflet retombe rapidement. 'Après le premier jour, Francis et moi sommes sortis en nous disant : Mais qu'avons nous fait ? C'était épouvantable !'raconte Parfitt. Simon Porter est, aussitôt, avisé : 'J'étais très inquiet après le premier jour de répétitions. Francis m'avait dressé un compte-rendu en me disant que c'était un véritable désastre'. Et comme si l'avis de Rossi ne suffisait pas, les membres de l'équipe présents appelèrent Porter pour lui dire que le groupe sonnait comme un vulgaire groupe de pub ! Un autre problème se pose vite. En effet, depuis 1981 (année des derniers concerts du Quo original), les techniques ont, largement, évolué. Rossi et Parfitt utilisent les retours à l'oreille ainsi qu'un système appelé 'click track' qui permet de maintenir le bon tempo. Ces deux méthodes sont complètement étrangères à Lancaster et Coghlan. 'Je déteste les retours à l'oreille car tu n'entends pas la batterie comme tu en joues. Ceux de Francis sont moulés à ses oreilles quant aux miens, je les ai fait attachés avec de l'adhésif car ils tombaient tout le temps. Quant au 'click', je suis le batteur, c'est moi qui imprime le rythme' affirme Coghlan.  Mais les quatre ont décidé de ne pas créer de difficultés et ces problèmes sont vite réglés. Reste à grandement améliorer l'interprétation des chansons. Les répétitions sont difficiles pour John et Alan comme le confirme Coghlan : 'Francis voulait que chaque titre soit légèrement plus rapide alors que je n'avais jamais fait ça auparavant. Ce fut un travail difficile.

A une semaine du premier show à Manchester, les prestations se sont très nettement améliorées. Lancaster affirme qu'il n'est pas inquiet quant à la qualité des futurs spectacles mais se montre plus réservé sur la réception que le public leur réservera. Pas de problème, l'accueil est au rendez-vous. Mais avant de monter sur scène, bien que la maladie de Lancaster soit un réel problème, c'est surtout vers Coghlan que se portent les inquiétudes de Rossi et Parfitt. 'Nous ne savions pas s'il était vraiment bien, Francis s'est tourné vers lui en exhortant : Come on, Spud, come on'. De son côté, Rossi est heureux de ne pas avoir la pression de chanter les premiers titres. En effet, c'est Lancaster (comme sur le Live 76) qui interprète les quatre premiers morceaux sous l'œil enchanté de Parfitt : 'J'ai dit à Alan qu'il allait être la star de ces shows, que le public allait aller devant lui criant et l'acclamant. Sa voix est toujours massive et ses performances ont été les meilleures qu'il ne pouvait donner. Vous l'avez vu, par vous-même, il pouvait à peine bouger mais sa voix est tout simplement stupéfiante. Alan est sur un nuage. Il est heureux. 'Je m'attendais à une bonne réaction du public mais j'étais un peu inquiet que tous ces gens m'aient un peu oublié. J'étais un peu anxieux car je n'avais pas joué depuis quelques années mais je ne m'attendais pas à une telle quantité d'émotion'. C'est un véritable combat que doit livrer Alan à chaque concert. Le médiator qu'il utilise est attaché à sa main droite, cette dernière n'ayant pas la force d'en tenir un classique. Son jeu est largement modifié. Il joue en aller-retour et plus en répétant inlassablement la même note comme dans les années 70. Alan se montre, néanmoins, très confiant sur son état de santé ce qui est, complètement, à l'antipode de ce que peuvent penser les trois autres constamment préoccupés de ne pas le voir tomber sur scène. Autre motif d'inquiétude : L'âge de Coghlan. 'Parce que j'ai 66 ans, ils pouvaient penser que j'étais trop vieux pour ça. Mais nous l'avons fait. Je n'ai pas essayé de prouver que j'étais meilleur batteur que les autres, j'ai simplement joué de la même manière que je jouais dans les années 70 lorsque nous tournions. Certes les imperfections furent nombreuses mais les shows furent de bonne facture peut-être plus qu'il ne fut possible d'espérer. La set-list calquée sur le live de 1976 ne fut, certainement, pas étrangère à ce succès. 'J'ai, immensément, aimé cette tournée. Chaque soirée fut sensationnelle. J'étais ravi de cette lourdeur. Je n'avais plus eu ce sentiment depuis des années. J'ai toujours aimé ça et je la regrettais depuis longtemps. Je l'avais même oubliée. L'absence de claviers a obligé Francis et moi à jouer comme des tueurs. Et on l'a fait !' se félicite Parfitt. Et Bob Young d'ajouter : 'A aucun moment, Francis n'est sorti de scène en clamant qu'ils avaient été extraordinaires, qu'il avait adoré, que ce fut brillant. Il ne l'a jamais fait et nous ne nous attendions pas à ce qu'il le fasse mais je sais, le connaissant comme je le connais, qu'au plus profond de lui-même il était très fier de cette tournée et au fait qu'il ait si bien joué et ça, il le savait.

Si sur scène, les quatre s'entendent bien, il en est, presque, de même 'hors stage' même si Coghlan et Lancaster ont quelques difficultés à gérer la nouvelle façon de tourner de Rossi et Parfitt et sont peu enthousiastes à tourner en bus. 'Alan et moi avons un peu souffert du fait de tourner en bus. Nous n'avions jamais fait ça, avions toujours dormi dans une chambre d'hôtel, chaque soir. Francis et Rick aiment ça parce que tu peux quitter le concert et aller dormir directement. Mais moi, je me sentais claustrophobe et dormais difficilement. Je me souviens, après le concert de Manchester, m'être assis dans le salon du bus avec un verre de vin rouge. Lorsque nous nous sommes arrêtés et que le chauffeur est apparu, je m'étais endormi, allongé avec mon verre. Je devais être très fatigué. Il y avait déjà la lueur du jour et je n'en avais pas renversé une goutte. C'est dire la qualité de sa conduite.  Les tournées de Status Quo ont, toujours, été réglées à la minute près, Rossi y étant très attaché. Or, Lancaster a toujours eu l'habitude d'être en retard 'et ce, dès depuis nos premiers concerts d'enfants', ajoute Rossi. Pourtant, pendant cette tournée, Alan déclare suivre le programme fixé par Francis. Le management du groupe a arrangé quelques 'meet ang greet' avant les concerts. Ainsi à Wolverhampton, le premier jour, alors que les trois autres sont prêts, Alan est étrangement absent. Bob Young est, alors, envoyé le chercher. Devant la loge, pas de réponse. Francis alors le rejoint. Toujours pas de réponse. Pensant qu'il était, peut-être, arrivé quelque chose à Alan, ils entrent et découvre Lancaster sous la douche loin de se douter de la frayeur qu'il venait de faire à ses amis. Alan confiera qu'il s'était réfugié sous la douche pour avoir un peu d'intimité qui lui manquait étant, souvent, au contact des caméras le filmant pour le documentaire. Rossi aime que tout soit réglé comme du papier à musique et déteste l'improvisation et les changements dans le planning. Ces petits faits auront, alors, tendance à le frustrer et 'à la fin Rick également' ajoute t-il.  Autre changement non négligeable par rapport aux prestations des années 70. Il n'est pas toléré d'alcool avant les concerts. 'Nous étions d'accord tous les quatre. Personne ne buvait avant les concerts, il n'y avait, donc, personne de bourré alors que j'aime bien boire une bière ou deux avant un concert. Dieu merci, je ne bois plus autant qu'avant mais j'aime bien en boire une pour me revigorer ou me relaxer. Mais là, il y avait un règlement que tout le monde approuvait et je m'assurais juste qu'il y ait assez d'eau sur scène' affirme Coghlan.  'John a bien fait deux ou trois caprices mais ça, c'est lui. Il n'a pas changé, c'est son mauvais côté c'est pourquoi il a été surnommé 'The Mad Turk'. Et je suis réellement content que personne n'ait changé' précise Parfitt.

Même si les petits tracas existent, en privé, l'important reste la scène et les prestations que les quatre vont délivrer. 'Toutes les villes où nous avons jouées étaient arrosées par la pluie. Et pourtant, il y avait plein de gens qui marchaient en tee-shirt 'Status Quo'. Ils n'étaient plus tout jeunes et pourtant ils nous attendaient pendant des heures dans le froid ! Je ne m'attendais pas à une telle émotion. Certains n'avaient pas de tickets, ma femme a eu pitié d'eux et les a fait rentrer au concert' explique Lancaster. Côté accueil, pas de problèmes, les fans sont heureux, excités de les voir à nouveau réunis. 'Il y a eu une mobilisation des fans londoniens car le premier concert s'est vendu en moins de huit minutes alors je savais qu'ils étaient très passionnés. Et quand nous sommes arrivés ... Quelle réaction ! ! ! Je ne l'oublierais pas. C'était juste incroyable. Je n'avais plus connu ça depuis notre percée au début des années 70. La seule erreur que nous ayons faite c'est de faire Wembley parce qu'après l'intimité de l'Hammersmith, nous aurions dû rester là. Je crois que nous avons aussi bien joué mais il n'y avait pas la même atmosphère. Je préfère jouer à Hammersmith plutôt qu'à l'O2. A l'Hammersmith, tu peux voir tout le monde, tu sens tout le monde' précise Parfitt.  'J'étais abasourdi par les réceptions qu'ils ont eues et il n'y a pas eu une seule critique négative de cette tournée. Même les plus septiques ont admis que les concerts furent fabuleux. Chacun peut marcher la tête haute et être fier de ce qu'ils ont fait. La vieille magie est revenue rapidement. Ne pas avoir de claviers a obligé chacun à se mettre un peu plus en avant. Les critiques ont mentionné comment Francis avait été brillant comme guitariste, bien que nous le savions déjà. Rick était encore la rock star alors qu'Alan a joué admirablement. Certes, il n'est plus aussi remuant que dans les années 70 mais chacun a mentionné son jeu et sa voix. Pour moi, Alan fut la star de ces shows' précise Young.

Rick Parfitt est fidèle à son jeu même s'il avoue avoir joué plus puissamment qu'avec le Status Quo traditionnel. Il reste, néanmoins admiratif devant le jeu de Rossi : 'Je ne l'avais plus vu joué de cette manière depuis plusieurs années, sur tous les morceaux. Il a joué fantastiquement ses parties de 'solo'. Rossi se montre réservé quant à la qualité des concerts. Tout le monde le sait, c'est un perfectionniste dans l'âme. 'Bien sûr qu'il y a eu des moments énormes mais il y en a eu aussi ou je pensais que nous étions mauvais, si mauvais. Et il n'y avait aucune excuse. Un indice, par exemple sur les fins de chansons que John loupaient souvent. Je devais lever ma main pour le stopper. Et ça, en dépit de deux semaines de répétitions à raison de deux fois par jour. Avec Spud, j'étais vraiment sur les nerfs.  'Tout le monde a fait quelques erreurs. Comment imaginer ça si ça avait été trop propre. Ca aurait été bon pour du cabaret. Led Zeppelin n'a jamais joué un titre de la même manière. J'ai fait quelques erreurs et j'y pensais. Pourquoi ai-je fait ça, m'interrogeais-je. Peut-être à cause de la nervosité' réplique Coghlan.  Il est vrai qu'en écoutant soigneusement les concerts, Coghlan se montra, de temps en temps, à contre-temps notamment sur les breaks de 'O Baby' ! Concernant Rossi, les critiques sont unanimes. Il n'a jamais aussi bien joué comme il l'avoue lui-même à demi mots : 'Oui, peut-être. C'est parce que j'ai joué des titres que je n'avais plus joué depuis des années et effectué les solis comme je les faisais à l'époque. Je n'ai rien changé. Je ne suis pas particulièrement un bon guitariste mais parfois, j'aime ce que je fais. Je pense que j'ai probablement mieux joué mais comme il n'y avait pas de claviers, on pouvait entendre tout ce que je faisais. La set-list, calquée sur celle du Live à Glasgow, en 1976, fut, unanimement salué par tous les supporters du groupe. Les cinq premiers titres sont joués exactement dans le même ordre que trente-sept ans plus tôt. Les ajouts de 'Down Down' (étrangement absent à Glasgow, en 1976), 'April, Summer and Wednesdays', 'O Baby' et 'Blue eyed lady' sont d'heureuses surprises, donnant de la puissance à une set-list n'en manquant déjà pas, Rossi étant, particulièrement heureux de jouer ces titres. Par contre, devant l'absence de 'Caroline', chacun cherche une explication que le même Rossi s'empresse de fournir : 'Avec le Quo actuel, nous ouvrons les concerts, avec ce titre. Il y a quelques années, Rick a voulu changer et ouvrir avec 'Down down'. Nous l'avons fait pendant huit à dix shows mais ça ne fonctionnait pas. Si nous avions joué Caroline, ça aurait été un chant funèbre. Désolé mais c'est la vérité !'

Le son unique produit par les quatre, l'émotion de les revoir ensemble sont autant de facteurs qui amènent la question suivante : 'Y aura t-il une suite en 2014 et où ?' En effet, les fans européens se prennent à rêver d'un retour dans leur propre pays. Ce Status Quo-là a été immensément populaire en Europe du nord, aux Pays-Bas, en Suisse, en Belgique, en Allemagne ou encore en France. 'Je ne pense pas que John et Alan pourraient tenir le coup pour une grande tournée européenne. A la fin de ce tour, ils étaient brisés, surtout Alan. Francis et moi sommes des dévoreurs de bitume. Nous n'avons jamais arrêté. Nous pourrions repartir pour une trentaine de shows mais pas John ni Alan. Je ne sais pas ce qu'il y aura mais il y aura quelque chose, j'en suis sûr' précise Parfitt. L'optimisme étant de rigueur.  Alan, lui, est partant : 'Je peux faire du rameur pendant une heure. Je peux surpasser la plupart des personnes qui n'ont que la moitié de mon âge. La personne qui m'inquiète le plus c'est Rick avec son cœur. Je ne m'inquiète pas pour moi. Je peux porter les trois autres sur mes épaules. Chacun se soucie de ma santé mais il n'y a rien de grave hormis le fait que j'ai perdu beaucoup de poids, il y a quelques années. Ici, c'est le luxe sur la route avec le bus. Moi, quand je fais un concert, je conduis pendant sept heures, monte et démonte le matériel moi-même et collecte l'argent moi-même. John Coghlan est, quant à lui, partant pour une nouvelle tournée. Hormis le fait qu'il a aimé ce tour, il n'a jamais gagné autant d'argent depuis son départ du groupe, en 1981. En effet, pour cette tournée Frantic Four, les gains ont été partagés en quatre de manière égale comme le souligne Simon Porter, le manager. 'Ils étaient à part égale comme ça devait l'être. Nous n'aurions pas pu faire cette tournée sans chacun d'entre eux'. Autant dire que ce fut assez lucratif.

La seconde tournée tant attendue se déroulera, finalement, du 18 mars au 12 avril 2014. Seize dates, à travers l'Allemagne, la Belgique, les Pays-Bas, la France, l'Angleterre, le Pays de Galles et l'Irlande s'étaleront sur cette période pour des shows encore plus aboutis. 'J'ai préféré cette seconde tournée bien que je ne sache trop pourquoi. Nous avons répété les mêmes titres sur la même période (2 semaines). Mais, le feeling était meilleur, on le sentait mieux. J'aurais aimé en faire un peu plus. Je serais vraiment ravi de faire une autre tournée, l'année prochaine (2015) si Francis donne son accord. Rick et Alan veulent le faire. Les fans veulent que nous jouions ensemble une troisième fois. C'est vrai que cette année, il a été dit que ce serait la dernière tournée mais cela a déjà été fait avant' souligne Coghlan. Rossi, lui, est catégorique, lorsqu'il déclare :'Non, il n'y en aura pas plus. Nous avons eu une discussion à ce sujet nous sommes arrivés à la conclusion que les heurts de personnalité qui avaient amené à dissoudre le groupe pourraient ressurgir mais nous resterons en contact. Et puis, John a des difficultés à suivre le rythme alors que la main droite d'Alan cesse de jouer après une heure ! Ca, ce sont des faits !' 'Je suis allé les voir deux fois. La première fois, à l'Hammersmith Odeon lors de la première tournée et c'était vraiment incroyable. Je suis rarement allé à un concert comme ça. L'atmosphère était fabuleuse, il y avait beaucoup d'amour dans la salle. Pour être honnête, musicalement, c'était assez chaotique, un peu le merdier mais un glorieux merdier. Ce fut une soirée inoubliable que j'ai vraiment aimée. Puis, je suis allé les voir, lors de la seconde tournée. C'était, musicalement, beaucoup mieux mais il n'y avait pas la magie de la soirée précédente. J'ai rencontré Alan Lancaster, plusieurs fois et c'est un type adorable. Ce petit bonhomme lorsqu'il ouvre la bouche pour chanter, c'est un vrai obusier' déclare Rhino.

Les shows de cette seconde tournée sont beaucoup plus aboutis, plus structurés. Le jeu de Coghlan y est plus puissant, plus précis. Rossi, Lancaster et Parfitt sont aussi bons qu'un an auparavant. 'Caroline' remplace 'Don't waste my time 'dans la set-list. Près de 70.000 personnes en seize concerts : Pari à nouveau gagné.  A la fin de l'année 2014, chaque fan espère une nouvelle tournée pour 2015. John, Alan et Rick y sont favorables mais Francis reste implacable et déclenche, même, un début de polémique lorsqu'il déclare à un magazine allemand : 'J'aime vraiment Alan, nous avons eu beaucoup de plaisir ensemble mais il peut être vraiment difficile. Par exemple, il mène toujours le batteur et je lui ai souvent dit de le laisser tranquille. Mais, c'est ainsi. Pendant notre concert de Manchester, John m'a dit qu'il ne pourrait plus travailler avec lui. Je lui ai alors répondu que si nous continuions, nous nous engueulerions à nouveau et il a approuvé'. Coghlan niera avoir tenu de tels propos.

Francis enfonce le clou lorsqu'il déclare à un journaliste du Irish Times : 'Les trois autres aimeraient en faire plus, pas moi. Alan Lancaster n'est pas très en forme. Rick Parfitt et moi avons donné tant de représentations. Nous sommes beaucoup plus en forme qu'ils ne le sont. D'ailleurs, je n'ai jamais pensé que cela arriverait. C'est arrivé. C'était un grand événement à caractère nostalgique. Nous l'avons encore fait, cette année, pour l'Europe. En ce qui me concerne, Dublin sera certainement le dernier spectacle que nous allons faire ensemble. Une fois terminée, je pars avec les autres gars au Danemark avec qui je vais continuer le restant de l'année. C'est le Quo régulier. Personne ne pensait que le Quo original se reformerait en raison des problèmes entre Lancaster, moi-même et Parfitt. Ceci dit, ce fut bon même si ça aurait pu être mieux. Nous vieillissons et je n'arrive toujours pas à réaliser que je suis si proche de mes soixante-cinq ans'. Peu de temps après, Lancaster propose à Rossi de faire tourner le 'Frantic Four en Australie et d'élaborer un album, à nouveau, ensemble. Devant le refus sans détour de Francis, les deux se brouillèrent à nouveau. Il n'y aura jamais de troisième tournée au grand damne de tous les fans surtout les Scandinaves non inclus sur le plan de route de la tournée 2014. Etonnant lorsque l'on considère l'énorme succès qu'a connu le groupe dans ces pays pendant la décennie 70. La mort de Rick Parfitt, le 24 décembre 2016 enterre définitivement les dernières illusions.



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